Retour en beauté pour Rose, qui a peur de fâner
En 2006, Karen Meloul [ndCBTeam : citation originale!] disparaissait pour faire naître Rose et un album éponyme plein de charme. On l’écoutait égrener ses problèmes de fille, ses peines de coeur et sa mélancolie avec l’impression qu’elle ne parlait qu’à nous. Au vu du nombre de personnes qui l’ont suivie en tournée, on s’est rendu compte que c’était faux. Le conte de fée continue pour l’ancienne institutrice reconvertie en chanteuse folk: Rose vient de sortir son deuxième album. La jeune femme replonge dans les Souvenirs cachés sous sa Frange, et nous confie sa peur du temps qui passe. Et ce, toujours avec la même émotion.
Comment avez-vous vécu le succès un peu fou de votre premier album ?
Disons qu’on ne se rend pas bien compte parce qu’on est pris dans un tourbillon. On s’en rend compte quand tout s’arrête. Au moment où j’ai dû composer ce deuxième album, je me suis rendue compte de tout ce qui s’était passé ces trois dernières années. Je n’avais pas eu le temps d’y réfléchir. Et à ce moment-là, ça m’a mis un sacré coup. Je me suis rendue compte que j’étais un peu connue dans la rue, que j’avais gagné de l’argent…
Ça vous a rassuré sur vos capacités? Parce qu’à la sortie du premier album, vous étiez pétrie de doutes…
Malheureusement, ça fait partie de ma nature. Je suis un peu pessimiste et la confiance en moi me manque. Mais par contre, il y a certaines choses qui m’ont fait du bien. Le public, simplement. Je me dis que quand les gens sont touchés par mes chansons, je peux avoir confiance en mon écriture, elle ne trahit rien, elle est honnête, sincère. Ca, ça rassure.
Le point de départ du premier disque, c’était une rupture douloureuse. Pour celui-ci, quel a été l’élément déclencheur de l’écriture ?
Ça s’est fait par vague. Il n’y a pas eu d’effet déclencheur. J’ai arrêté ma tournée et petit à petit, je me suis remise à écrire. Je me suis rendue compte que tout ce que j’écrivais, tout mes mots me venaient de la nostalgie, du souvenir, de la peur de vieillir. Je transcrivais ça dans mes chansons. Des chansons qui se sont apparues parfois prémonitoires puisque le vrai déclencheur, ça a été, pas une rupture mais la fin rapide et dramatique d’un mariage. Je ne parle pas de rupture à proprement parler dans cet album, mais du fait de grandir et de se poser des questions. Plus on avance, plus c’est le bordel, en fait. Je me suis demandée: et si tout ce que j’avais prévu, une famille, des enfants, être maman, la femme de quelqu’un, si tout ça tombe l’eau, à quoi je vais me raccrocher ? Et je me suis retournée vers mes souvenirs, ma famille, mon enfance.
Cet album n’est finalement pas beaucoup plus positif que le premier…
Non. Il n’est pas négatif mais il est très nostalgique. Il y a de la mélancolie, beaucoup de peurs de petite fille ou de trentenaire. Tout a ressurgi, comme quand on fait une thérapie. J’ai mis le doigt sur des choses auxquelles je n’avais pas pensé avant.
Pratiquement parlant, ça s’est passé comment ? Vous avez pris votre guitare et vous avez attaqué toute seule ?
Pour le coup, j’ai acheté une guitare électrique et j’ai décidé de composer avec. Pourtant, ce n’est pas un album rock. La différence avec le premier, c’est qu’il y a énormément de morceaux que j’ai composés avant d’écrire le texte. J’ai quasi tout fait toute seule. J’avais envie de me prouver que je savais le faire. Même si je vois que c’est très ludique et créatif de travailler avec quelqu’un d’autre, j’ai toujours besoin de me prouver que je peux le faire.
Dans le premier single issu du disque, Yes we did, vous faites allusion à tout ce qui s’est passé durant l’année 2008 et puis, il y a ce refrain, très personnel, où vous dites: « on en a vu des stupides, se marier, des stupides… »
C’est ce que tout le monde a vécu cette année-là. C’était un bilan contemplatif, pas du tout intrusif, qui ne porte aucun jugement. Le refrain est évidemment beaucoup plus personnel. Ca peut paraître égoïste, égocentrique, mais je ne sais pas faire autrement.
Mais ça donne envie d’en savoir plus…
Oui, mais je m’y attends. De toute façon, il n’y a rien d’autre à dire que je me suis mariée en août (avec le chanteur Bensé, le fameux Julien du premier disque, ndlr) et que j’ai divorcé trois mois plus tard. On a mis un point final à une histoire qui avait eu des hauts et des bas. Il fallait qu’elle se termine parce qu’elle aurait pu continuer comme ça encore longtemps.
Cet album traite aussi de la peur de vieillir. Qu’est-ce qui vous effraie tant ?
Ce qui me fait peur dans la vieillesse, c’est le combat physique qu’on peut mener. Tout le monde met des crèmes antirides, tout le monde essaie de paraître plus jeune que son âge, c’est un combat qu’on ne gagnera jamais. Avant, je regardais ces gens-là se battrent contre le temps, leurs premières rides en disant que c’était n’importe quoi et aujourd’hui, je fais la même chose. C’est déconcertant de se rendre compte qu’on entre dans le combat. J’ai peur de la vieillesse dans la solitude. Vieillir à deux, ça va, tout est beau à deux. En fait, c’est la peur d’être seule…
Dans votre biographie, qu’on retrouve notamment sur votre MySpace, la personne qui l’a écrite dit que vous avez fait une crise de la quarantaine à trente ans.
Avec les événements qui se sont passés dans ma vie, j’avais envie de retrouver ma jeunesse. J’ai voulu oublier, peut-être pas de la bonne façon, mes responsabilités de femme. Je me disais: maintenant, j’ai envie de m’amuser, je ne veux plus d’un homme… Mais c’était complètement faux. Cette crise est passée. Aujourd’hui, je ne suis pas déçue de l’amour, j’y crois toujours et j’ai toujours envie d’être maman.
Vous négligiez beaucoup votre voix, à l’époque du premier album. Aujourd’hui, vous vous êtes sentie obligée d’agir de ce côté-là ?
J’essaie mais je n’y arrive pas. J’ai arrêté de fumer quelques mois, j’ai repris, j’ai été opérée des cordes vocales mais ça n’a rien changé. Il va falloir que j’assume cette voix que je n’ai pas choisie, que je n’ai pas travaillée. C’est mon outil, je fais passer mes textes par ma voix. Mais je me considère d’abord auteur, compositeur et en dernier lieu, chanteuse.
Une tournée, qui passera par le Botanique le 19 décembre, est d’ores et déjà prévue. Vous avez envie de quoi ?
J’ai envie qu’on reste frais, comme si c’était un premier album, tout en travaillant les arrangements laborieusement sans que ça en ait l’air. Que ça reste immédiat et simple. Et j’ai envie d’un truc chic.
Aujourd’hui sur scène, vous vous sentez comment ?
Ça fait longtemps que je ne suis pas montée sur scène donc j’appréhende mais je sais aussi que c’était les plus beaux moments de ces trois dernières années, c’est sur scène que je les ai passés.
Propos recueillis par Déborah Laurent
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