Après un premier album éponyme qui a fait des étincelles (500 000 exemplaires vendus) et qui comptait une chanson devenue un classique (La Liste), la jeune auteure-compositrice-interprète française Rose lance un deuxième disque, cette fois de «célibataire trentenaire», pour reprendre ses mots, baptisé très joliment Les souvenirs sous ma frange. On lui a téléphoné pour en parler!
En août 2008, Rose avait terminé sa longue tournée par un spectacle particulièrement enlevé, gracieux et craquant au Club Soda de Montréal, dont elle garde un souvenir particulièrement heureux sous sa frange noire. Depuis, il lui est arrivé bien des choses: elle a notamment épousé le Julien qui avait inspiré le premier album (plus justement, c’était la rupture d’avec Julien qui avait donné naissance aux chansons). Et elle en a divorcé.
Après la tournée éreintante, le succès-surprise de l’album et son cortège de promotion et l’échec conjugal, les chansons n’arrivaient tout simplement pas. «Et puis tout à coup, de janvier à mars derniers, c’est comme si je pouvais écrire sur tous les sujets, explique Rose de sa voix délicieusement éraillée. J’ai écrit, écrit… Je ne sais toutefois pas pourquoi, au final, la majorité des chansons portent tant sur le temps et les souvenirs… C’est sûr qu’il y a un échec amoureux qui plane un peu au-dessus, mais ce n’est pas le sujet du disque, contrairement à mon premier. J’imagine que je suis moins une jeune fille, que je suis à l’âge de regarder derrière et devant tout à la fois.»
C’est ce qui explique le texte de Yes we did, premier extrait du disque: «Bien sûr que c’est un clin d’oeil au Yes we can de Barack Obama, puisque c’est une espèce de bilan de mon année 2008, et j’étais contente de pouvoir faire une chanson un peu légère sur les événements survenus (ça va du réchauffement de la planète à Carla Bruni!) comme sur mes échecs personnels», dit-elle en riant. On remarquera au passage les arrangements plus fouillés de l’album.
«Cette fois-ci, j’ai travaillé avec Jérôme (Plasseraud) et Thibault (Barbillon), je les avais découverts sur MySpace il y a quatre ans, ils font partie d’un groupe qui s’appelle 1973 et que j’aime beaucoup. Et puis, on s’est rencontrés par hasard à une soirée, et Jérôme est devenu mon guitariste (il était du spectacle au Club Soda). Peu à peu, naturellement, avec Thilbault, on a réalisé ensemble l’album. Je voulais enlever l’étiquette «folkleuse country» avec ses bottes et son harmonica. J’aime toujours ça, la folk et la country, mais j’aime aussi la chanson pop.»
D’où des orchestrations avec des harmonies vocales, une instrumentation variée, des moments instrumentaux qui font décoller les chansons de l’univers personnel de Rose: «Sur le premier disque, je faisais beaucoup de jeux de mots, un peu comme pour dire «regardez, je sais écrire», dit-elle. Cette fois, c’est plus direct. Une chanson comme Chez moi, c’est vraiment de ma famille qu’il est question et, en même temps, c’est un peu décalé. Sur C’était comment déjà, c’est la petite fille de mon éditrice qui chante avec moi, à propos de toutes ces questions qu’on se pose toujours: comment c’était, comme ça sera. Des questions sans réponses, évidemment… Il n’y a pas de mode d’emploi pour la vie, n’est-ce pas?»
Non, mais il y a des chansons. Que Rose interprétera sur scène à partir de novembre. La nostalgie n’est plus ce qu’elle était quand on en fait de la musique.
Par Marie-Christine Blais (La Presse)
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